vendredi 1 juillet 2016

Olivier Duhamel: les primaires pour les nuls, excellent titre

Un sens de la formule

Olivier Duhamel sort un bouquin à l'approche de l'élection présidentielle. Le titre: les primaires pour les nuls.

En général, cet auteur produit des analyses qui sont consternantes de banalité. Il est parfaitement satisfait de ce système qui le fait vivre, même s'il reconnait qu'on peut, très à la marge, lui apporter quelques améliorations. Il réduit en général la politique à des questions de personnes; on est au café du commerce.

Mais là, je rends hommage au sens de la formule de cet auteur, car la pertinence et l'acuité de ce titre compensent largement le manque d'intérêt de sa production habituelle.

En effet, il a résumé dans ce titre toute la raison des primaires dont les partis nous rebattent les oreilles.

Les primaires pour les nuls: les primaires sont, en effet, le seul moyen de départager les nuls.

Explication

Si un seul candidat était valable, à gauche comme à droite, point besoin de primaires; la compétence suffit. A contrario, quand le recours à la compétence n'est pas possible, il reste... les primaires.

- Ok les gars, on n'a aucun candidat valable à proposer pour 2017.
- Qu'est-ce que ça change? C'est pareil les autres années?
- Oui mais là, 88% des Français n'a pas confiance en nous; ça commence à faire moche.
- Eh ben, demandons au peuple de choisir! Si c'est nous qui désignons notre mauvais candidat, on peut nous le reprocher, mais si on demande au peuple de désigner ce candidat, le résultat reste le même, et on pourra dire au peuple que c'est lui qui est responsable de la désignation, donc de l'échec.
- Ah oui! Excellent! Les élections restent sous notre contrôle, rien ne change, mais ça a l'air plus démocratique.
- Et appelons cela "les primaires". Ça donne un côté américain, et personne ne remet en cause la démocratie américaine.
- Ok, qui contacte Duhamel pour lui expliquer? Il saura bien noyer le poisson pour essayer de dégager une légitimité de cette procédure. Il en fera un bouquin, tout le monde gagne.

Je me demande si les partis comprennent que les citoyens ne les supportent plus...

Il faut en finir avec les partis.

Le Citoyen Sans Parti

mardi 22 mars 2016

Lauvergeon et Kerviel: des erreurs comparables, des destins différents

A ma gauche: Anne Lauvergeon


Peu importe son parcours scolaire, et les conditions de son accès aux responsabilités par Mitterrand interposé; je me borne à constater que l'on évalue sa "contribution" à 10 ou 15 milliards d'euros de perte, avec quelques jolis coups:
  • l'EPR finlandais, projet lancé en 2003, bourbier industriel qui finira certainement par passer plus ou moins discrètement à la trappe: la centrale devait démarrer en 2009, on programme maintenant ce démarrage au mieux en ... 2018, et son coût aura dérapé de plusieurs milliards. Gâchis économique, gâchis écologique
  • l'affaire UraMin, cette splendide mine d'uranium achetée 1,8 milliards sans jamais avoir fait la preuve de l'existence de minerai... affaire qui implique par ailleurs son mari et un nommé... Balkany.


Bref, un joli score de pertes de plusieurs milliards d'euros... des euros publics.

A ma droite: Jérôme Kerviel


Opérateur de marché à la Société Générale, il perd 4,9 milliards d'euros dans des circonstances toujours pas éclaircies, mais peu importe.

Son score: 4,9 milliards d'euros... des euros privés, à quoi il faut rajouter probablement 1 milliard d'euros publics.

Les sanctions

Il est intéressant de voir comment sont punis des individus qui, par bêtise, incompétence, ou autre... font perdre des milliards d'euros à la collectivité. Après tout, les faits sont les mêmes sur le fond.

Pour Lauvergeon

Grassement rémunérée pendant les années COGEMA et AREVA, qu'elle quitte pour des raisons indépendantes de ses "succès", elle s'est reconvertie dans les conseils d'administration de cooptation de copains, et dans quelques missions gouvernementales. Elle est officier de la Légion d'honneur, en reconnaissance des services rendus et pour sa contribution à l'image du pays. Bref, ça baigne!

Pour Kerviel

Direction la correctionnelle, 5 ans de prison (dont 2 avec sursis, au cas où il recommencerait...), 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts (annulés en cassation, mais bon, qui ont fait partie de la condamnation).

Moralité

Quand on veut perdre des milliards, seul le passage par la politique professionnelle permet de s'en sortir riche, sans subir de conséquences judiciaires, et de continuer sa vie comme si de rien n'était, avec les honneurs de la République.

Merci Anne!

Il faut en finir avec ce système

Le Citoyen Sans Parti

dimanche 6 mars 2016

M'sieur Amirshahi... encore un petit effort!

Chouette! La prise de conscience d'un militant!


On nous a rebattu les oreilles tout ce vendredi de la décision de Pouria Amirshahi de quitter le PS. Et on a glosé sur le courage de cet homme qui disait ses vérités aux partis politiques. Je note dans Le Monde:

- Vous avez décidé de quitter le Parti socialiste, pourquoi ?
- Je quitte le PS et le monde des partis en général, rhizomes d’un système institutionnel à bout de souffle. Ils sont devenus des machines électorales sans grande conviction, sans promesse d’avenir heureux pour le pays. Ils sont au mieux incapables, au pire dangereux comme par exemple le Front national. Notre système, confiscatoire de pouvoirs et de richesses, mène à l’abîme démocratique, social ou écologique.

Je dis bravo! Machines électorales, incapables, dangereux, sans idées... J'aurais pu rédiger cette partie de son interview.

Je note simplement que cette prise de conscience est probablement partagée par de plus en plus de militants. Malheureusement, la suite prouve qu'un militant, s'il est capable de réaliser quelques évidences basiques, n'en reste pas moins un militant, c'est à dire qu'il reste incapable d'être un démocrate.

Un militant reste un militant


J'étais content: cette interview partait bien. La suite de l'interview montre malheureusement que Pouria Amirshahi ne sera jamais un démocrate, et qu'il n'annonce pas un changement de pratique politique:

- Pourtant, vous avez également décidé d’abandonner la députation et de ne pas vous représenter en 2017…
- Il me reste plus d’un an de mandat et je continuerai d’agir avec la même éthique et la même énergie. Mais je ne veux pas m’accrocher absolument à un mandat. Ma circonscription est passionnante, les gens sont d’une grande richesse pluriculturelle. J’y ai été « bien » élu en 2012, avec 62 % des voix, mais après cinq ans de mandat, je souhaite retourner à la vie professionnelle, ce qui ne coupera pas mon appétit militant !

... bien élu? Avec 11,1% des inscrits?


En effet, Pouria Amirshahi travestit la réalité comme tous les militants. Bien élu, dit-il, avec 62% des voix. 62%, c'est effectivement une belle élection.

Comme j'ai un petit tableau des chiffres électoraux des députés, d'après les chiffres de l'Assemblée nationale, il ne m'a pas été difficile de récupérer les chiffres concernant l'élection de Pouria Amirshahi dans la 9ème circonscription des Français de l'étranger:

inscrits : 97068
votes : 10851
  

Transformer une escroquerie en victoire éclatante

   
Cela donne une élection avec 11,1% des inscrits. Je dis bravo! Dire qu'on est élu avec 62% des voix, sans rappeler qu'il s'agit des voix exprimées seulement, permet de transformer une escroquerie électorale en victoire éclatante. 11,1% des voix, et prétendre être légitime et représentatif.

(J'en profite pour rappeler que, lorsque l'on rajoute ces chiffres pourtant officiels sur la page wikipedia de ces individus, ils disparaissent dans la demi-heure qui suit, comme j'ai pu le constater; les partis paient du personnel pour travestir à leur avantage les informations pourtant publiques qui les concernent, y compris sur les supports communautaires comme wikipedia. Rappelons Meyer Habib, élu avec 4,7% des inscrits, Frédéric Lefebvre avec 7,3%, etc.)

Bravo Pouria Amirshahi! Vous êtes sur le bon chemin, mais il vous reste une sacrée route à parcourir avant d'être un démocrate.

Il faut en finir avec les partis.

Le Citoyen Sans Parti

lundi 22 février 2016

Les primaires des partis: la révolution démocratique

L'intérêt des primaires

Voilà un marronnier qui me fait vraiment rire : les primaires des partis politiques. Voilà bien une chose qu'elle va révolutionner la démocratie ! L'idée est de décider en amont de l'élection qui va représenter un parti politique; et de décider cela en faisant appel aux militants, voire aux sympathisants d'un parti... voire à tous les citoyens.

Qu'est-ce que cela changerait?


Comparons les scénarios pour l'élection présidentielle de 2017.

scénario 1 : pas de primaire


On continue comme aujourd'hui. 
Dans ce cas, au second tour on aura



scénario 2 : primaire au PS et à les reps



C'est très différent : le second tour verra le choix suivant :



scénario 3 : on laisse les militants de partis politiques voter

Et nous, les citoyens, nous ne votons pas parce que nous ne souhaitons pas cautionner un échec de droite comme un échec de gauche.
Nous aurons donc le choix suivant, excessivement différent des précédents :


Moralité

tu votes, tu votes pas, tu auras un socialiste ou un les républicains, c'est à dire un échec.
Ok, il reste le cas où le FN remplace l'un des deux; ça ne change rien. Remplacez juste le logo que vous voulez par celui du FN.
     
Ces gens-là n'ont absolument pas besoin de nous pour être élus. Simplement, ça commence à se voir, et ces individus ont besoin de cacher la misère en nous faisant cautionner leurs représentants.
    
Les primaires n'ont pas pour objet d'élargir la recherche pour trouver un meilleur candidat; il s'agit juste de donner une apparence de légitimité à des individus qui n'en ont plus depuis longtemps.

Ca s'appelle la démocratie, paraît-il.

Il faut en finir avec les partis.


Le Citoyen Sans Parti

vendredi 12 février 2016

Pourquoi Fabius va-t-il au Conseil constitutionnel?

Fabius président du Conseil constitutionnel

Certains se demandent ce qui pousse Fabius à quitter les Affaires étrangères pour aller au Conseil constitutionnel. Voilà ce que pourrait être l'interview de l'intéressé.
          

La reconnaissance des services et du mérite

                 
- Monsieur Fabius, vous allez être nommé président du Conseil constitutionnel. Est-ce la récompense d'une action visionnaire et efficace dans vos fonctions de ministre des affaires étrangères?
-Pas du tout! J'ai raté beaucoup de choses en tant que ministre des affaires étrangères: je n'ai rien compris aux révolutions arabes, j'ai joué les durs dès le début face à Bachar El-Hassad en Syrie, et il est toujours là, je n'ai compté pour rien dans les négociations avec l'Iran, j'ai voulu paraître ferme avec Poutine, et Poutine a annexé la Crimée et bombarde les rebelles syriens tout en soutenant Bachar El-Hassad... Echec, échec, échec.
- Alors, c'est votre rôle essentiel dans la réussite de la Cop21?
- Non plus. Vous avez d'ailleurs vous-même écrit que j'aurais pu faire gagner 30 ans au projet si j'avais compris les enjeux et le sens de l'histroire lorsque j'étais premier ministre. Mais j'étais jeune, et je préférais pétarder le Rainbow Warrior avec quelques barbouzes. Quand on y pense... couler le Rainbow Warrior, le bateau de Greenpeace, le porte-voix de l'écologie mondiale, c'était manifester un sacré sens de l'écologie! Et dire que 30 ans plus tard, personne n'en a parlé lorsqu'il s'est agi de me nommer président de la Cop21. Quelle rigolade que l'écologie.
- Alors, comment expliquez-vous cette nomination?
                        

Le visionnaire

                          
- C'est bien simple. Dans à peine plus d'un an, c'est la présidentielle. On va se faire balayer, probablement même dès le premier tour. Donc je ne pourrai pas exercer de fonction gouvernementale. Que faire alors? Retourner en province comme élu local? Certainement pas. Profiter de ma retraite luxueuse d'énarque, acquise en contrepartie d'un métier que je n'ai quasiment jamais exercé puisque j'ai toujours vécu de la politique, non plus; j'ai besoin d'action, même inutile, d'un véhicule avec chauffeur... Alors j'ai pensé que la présidence du Conseil constitutionnel me permettait tout cela, sans vraie responsabilité, sans fatigue excessive. La République sait récompenser ses fidèles serviteurs. Et pour nous, pas de limite d'âge. Que du bonheur. Et puis, je pourrai critiquer d'ici 2017 l'action de ce gouvernement!
     
N'allez pas chercher plus loin la raison de la nomination de Laurent Fabius. Bien négocier son départ avant la tempête, c'est un talent qu'il faut savoir lui reconnaître.

Il faut en finir avec les partis.

Le Citoyen Sans Parti

vendredi 5 février 2016

Sapin-Moscovici: un duel de titans

Du grand Moscovici

J'entendais hier l'appréciation portée par Moscovic sur la possibilité pour la France de redescendre son déficit en dessous de 3 % du PIB en 2017.

Quelle pertinence dans l'analyse !

Et ce bon Moscovici d'expliquer, tout en langue de bois, que cet objectif lui semblait réaliste, pourvu que l'on menât les réformes nécessaires. Mais que, si on n'entreprenait pas les réformes nécessaires, l'objectif ne serait pas atteint.
On le sentait tout de même assez mal à l'aise. Comment dire qu'il n'y croit pas, sans rappeler qu'il en a été lui-même incapable quand il occupait le poste de Sapin ? Comment éviter de tacler son camp tout en essayant de garder une apparence de crédibilité ?

Quelles réformes ?

Des réformes sont nécessaires. Bravo! Mais... quelles réformes? Ah çà... il n'en a pas parlé ; ce n'est pas qu'il manque d'idée sur la question ! Des idées, bien sûr qu'il en a. Mais vous comprenez, en tant que commissaire européen, je me dois d'être au-dessus de la mêlée et de ne pas intervenir dans les affaires d'un état.

Quel beau métier !

Car la langue de bois et le mépris des citoyens, c'est un métier. Cela demande de l'entraînement, une totale absence de vergogne... Ce n'est pas facile ! Il est bien normal de payer cher ceux qui en sont capables.
Je descends dans la rue, je vous prends le premier citoyen venu, il en ferait tout autant. Et gratuitement !
C'est le miracle des partis... et des impôts.

Sapin et Moscovici, quelle belle équipe. La France est sauvée.

Il faut en finir avec les partis.


Le Citoyen Sans Parti

jeudi 4 février 2016

Réforme constitutionnelle: encore un symbole

Il n'a échappé à personne que le gouvernement et le parlement sont aux prises avec un problème essentiel : la réforme constitutionnelle.

De quoi s'agit-il ?

L'objet du débat consiste à intégrer dans la Constitution deux points principaux :
  • la déclaration de l'état d'urgence
  • la déchéance de la nationalité

La déclaration de l'état d'urgence

Il s'agit pour le gouvernement de se donner l'allure du sauveur de la république, sur le modèle de l'An II : la Patrie est en danger. Bien sûr, il n'en est rien.

La déchéance de la nationalité

Il s'agit cette fois de montrer que le gouvernement est prêt à aller très loin dans la sanction, puisque bien évidemment, rien ne peut être pire que ne pas être français ; c'est même certainement la réponse la plus propre pour que la peur change de camp...

Débat : faut-il réformer la constitution ?

J'ouvre le débat : devons-nous réformer la constitution ?
- Pardon, mais... cette réforme de la constitution va-t-elle diminuer le risque terroriste ?
- Non.
- Alors, pourquoi faut-il débattre ?
Fin du débat.

La réforme de la Constitution : un symbole

Il en va de la réforme de la Constitution comme du mariage gay ou de l'euro ; quand on n'est pas capable d'influer sur le cours des événements, rien de tel qu'un bon symbole pour donner l'illusion du travail utile. Comme dirait Cocteau: "Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être l'organisateur".
Le seul objectif du gouvernement, au travers de cette réforme, est d'occuper « l'espace médiatique » (la vilaine expression), sans quoi il serait accusé de ne rien faire.
Le seul objectif du gouvernement est, une fois de plus, de garder la tête hors de l'eau pour essayer de tenir jusqu'aux prochaines élections.
Le terrorisme ? On s'en fout, on n'y peut rien. Mais votez pour nous.
  
Il faut vraiment en finir avec les partis.
   

Le Citoyen Sans Parti